FAKIRS OF BANGLADESH


A few hundred meters from the border with West Bengal, Bangladeshi villages seem to blend into one another. In the midst of endless paddy and tobacco fields, rooted in the cultural metissage that typifies the sub-continent's North-East, where Mughals, Hindus and Buddhists found the necessary arrangements for peace, live the Baul Fakirs. These Muslim yogis are also accomplished musicians, who impart their teachings to the villagers through exhilarating chants. They have chosen the path of the heart and, more often than not, the life of householders. They are inspired by Lalon Shah, a nineteenth-century mystic and intellectual, whose birth, shrouded in mystery, endears him to both Hindus and Muslims. Nobel-prized poet Rabindranath Tagore greatly admired Lalon, who represents progressive Bangladesh. The Fakirs are in his uninterrupted lineage of spiritual transmission. Far from the bigotry of self-proclaimed purists, Fakirs preach inner religiosity, and a direct relationship to the divine. They sing an unconditional love for humanity, free from the discriminations and separations that often plight the modern world. This series of photographs documents one of their gatherings, a sadhusangha, which took place in February 2016 in the village of Ada Baria, Kushtia District. The candle of celebration burnt for 24 hours; the event lasted four days. Eating, sleeping, singing, praying, debating, bathing: all activities were shared, under a vast makeshift tent which barely kept the nights' cold humidity out. Deeply integrated in society (some of their elders fought for their country's independence against Pakistan in 1971), admired by the villagers for their righteousness, ascetic practices, and enchanting songs, the Fakirs blur the boundaries between mundane and divine.


(Text : Deborah Cukierman)

A quelques centaines de mètres de la frontière avec le Bengale Occidental, dans un village bangladais identique à d'autres, au milieu des champs de tabac et des rizières, se révèle une richesse humaine enracinée dans le métissage typique du nord-est du sous-continent. A la croisée de la culture moghole, de l'hindouïsme et du bouddhisme, les Fakirs Bauls sont des yogis musulmans. Musiciens émérites, ils utilisent le chant pour diffuser leurs enseignements auprès des villageois. Ils ont choisi la voie du coeur et, souvent, la vie de householder. Ils puisent leur inspiration auprès de Lalon Shah, un intellectuel mystique du XIXe siècle. Sa naissance, entourée de mystère, lui offre une place de choix tant pour les Hindous que pour les Musulmans. Admiré par le poète nobélisé Rabindranath Tagore, source de fierté pour les Fakirs qui lui sont en lignée ininterrompue de transmission spirituelle, il représente une des figures du Bangladesh progressif. A l'encontre de la rigidité des puristes auto-proclamés, les Fakirs prônent la religion intérieure, dans une relation directe avec le divin. Ils chantent un amour inconditionnel pour l'humanité, loin des discriminations et séparations dont témoigne trop souvent le monde moderne. Cette série a été réalisée lors d'un de leurs rassemblements, un sadhusangha, en février 2016 dans le village d'Ada Baria, District de Kushtia. La bougie des célébrations brûla pendant 24 heures; nous restâmes 4 jours. Dormir, manger, chanter, prier, débattre, se laver: toutes les activités partagées ensemble, sous une grande tente de fortune qui peinait à contenir la fraîcheur humide des nuits. Intégrés dans la société (certains de leurs anciens luttèrent contre le Pakistan pour l'indépendance de leur pays, en 1971), admirés des villageois pour leur droiture, leur ascèse, et leur musique envoûtante, les Fakirs dissolvent les limites entre mondain et divin.


(texte: Deborah Cukierman)

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